Introduction

Les réseaux sociaux, et notamment TikTok, sont devenus des arènes mondiales où l’individu le plus controversé peut rapidement acquérir notoriété et revenus. Mais cette célébrité peut avoir un coût. Un TikTokeur tunisien installé en Autriche se retrouve aujourd’hui au cœur d’une affaire mêlant atteinte aux symboles nationaux, insultes politiques et soupçons de fraude fiscale.


L’incident du drapeau : un acte qui choque la Tunisie

Lors d’un live TikTok, le créateur a déchiré le drapeau tunisien, en acceptant un défi lancé par un influenceur marocain, tout en proférant des insultes contre le président Kaïs Saïed. La vidéo, rapidement virale, a provoqué une vague d’indignation en Tunisie et dans la diaspora.

En vertu du droit tunisien, l’outrage au drapeau et aux institutions est puni de prison. Le Décret-loi 54 (2022), très critiqué par les ONG pour son usage contre journalistes et opposants, pourrait ici servir de base légale à des poursuites.


La mécanique de la provocation rentable

Ce geste ne doit pas être vu comme un simple coup de colère, mais comme une stratégie. Le modèle est connu : créer le scandale → provoquer la viralité → transformer l’indignation en revenus.

Selon plusieurs estimations, l’influenceur gagnerait entre 5 000 et 20 000 € par mois grâce aux cadeaux virtuels et aux sponsorings sur TikTok. Ce revenu, compris entre 60 000 et 240 000 € par an, le place dans les tranches fiscales élevées de l’Autriche.


Autriche : quand la viralité devient un risque fiscal

En Autriche, tout résident fiscal (séjour de plus de 183 jours/an) est tenu de déclarer ses revenus mondiaux, y compris ceux issus des plateformes numériques.

  • Les revenus au-delà de 60 000 € par an sont imposés à des taux progressifs pouvant atteindre 55 %.
  • Les fraudes fiscales peuvent donner lieu à des redressements sur 10 ans, avec intérêts et pénalités.
  • En cas d’intention manifeste, des poursuites pénales peuvent être engagées, allant jusqu’à des peines de prison.

Ainsi, si les revenus du TikTokeur n’ont pas été déclarés, l’affaire pourrait dépasser le simple scandale politique pour devenir un dossier de fraude fiscale internationale.


Les angles morts des plateformes

TikTok tire profit de ces polémiques. Chaque don virtuel et chaque nouvelle audience enrichissent le créateur mais aussi la plateforme elle-même. Les États, eux, doivent gérer les conséquences : atteinte à la dignité nationale pour la Tunisie, pertes fiscales pour l’Autriche.


Conclusion

Ce qui n’était au départ qu’une provocation en ligne s’est transformé en affaire à double dimension :

  • Politique et symbolique en Tunisie, où le respect du drapeau et du président est en jeu.
  • Financière et judiciaire en Autriche, où les soupçons de fraude fiscale pèsent de plus en plus.

Un cas emblématique de l’ère numérique : le mélange explosif de provocation, argent et absence de régulation internationale.